Les Oubliés du dimanche
Dans Les Oubliés du dimanche, Valérie Perrin raconte la relation touchante entre Justine, jeune aide-soignante marquée par un drame familial, et Hélène, pensionnaire d’une maison de retraite. Justine, orpheline depuis l’enfance à la suite d’un accident tragique, vit avec son cousin Jules chez leurs grands-parents. Peu bavarde, méfiante envers les autres, elle trouve dans son travail un refuge et une façon de redonner du sens à son quotidien.
Son lien avec Hélène naît d’une écoute patiente : la vieille femme accepte de lui confier l’histoire de son grand amour, Lucien, disparu pendant la Seconde Guerre mondiale. À travers ces confidences, le roman plonge dans un récit parallèle où se croisent espoirs, pertes, courage et fidélité.
Au fil des chapitres, Justine découvre non seulement la force de ce passé, mais aussi des zones d’ombre dans sa propre histoire familiale. À mesure qu’elle avance, ce sont les zones d’ombre, les douleurs passées et les vérités cachées qui se révèlent et éclairent sa propre histoire. Le roman joue habilement des allers-retours temporels pour mettre en évidence la manière dont les vies d’Hélène et de Justine se répondent, deux destinées façonnées par l’amour et le silence.
Couronné par treize prix littéraires amplement mérités, ce roman s’impose comme une œuvre profondément humaine. Valérie Perrin parvient à traiter des thèmes exigeants: la vieillesse, le deuil, la mémoire, la reconstruction, avec une sensibilité qui ne bascule jamais dans le pathos. Son écriture, simple en apparence, possède une précision émotionnelle qui touche.
La grande force du livre réside dans la dignité qu’il accorde aux personnes âgées. Les résidents de la maison de retraite ne sont pas des personnages secondaires : ils forment un chœur vibrant, chacun porteur d’une histoire que la société laisse trop souvent s’effacer. L’autrice restitue cette richesse humaine avec tact, humour et tendresse.
Parallèlement, l’évolution de Justine offre un regard juste sur la difficulté de grandir avec un passé fracturé. Sa recherche de vérité, lente et parfois douloureuse, crée une tension intérieure qui accompagne le lecteur jusqu’aux révélations finales.
Les Oubliés du dimanche est un roman dont on se souvient longtemps. Impossible de rester indifférent devant cette histoire où chaque chapitre éclaire un peu plus la valeur des liens que l’on tisse et des mémoires que l’on choisit de préserver.
Le Chien Blanc