Eric-Emmanuel Schmitt,  Romans contemporains

Lorsque j’étais une œuvre d’art

Tazio Firelli est un jeune homme désespéré, persuadé d’être insignifiant. Il vit dans l’ombre de ses frères jumeaux, deux mannequins adulés pour leur beauté, tandis que lui se sent invisible, inutile, et sans talent. Rongé par un profond mal-être, il décide de mettre fin à ses jours en se jetant du haut d’une falaise.

Au moment où il s’apprête à sauter, un inconnu l’interpelle : Zeus-Peter Lama, un artiste mondialement célèbre, provocateur et obsédé par la création d’œuvres choquantes. Fasciné par la détresse de Tazio, Lama lui propose un étrange marché : plutôt que de mourir, il peut “renaître” en devenant une œuvre d’art vivante, un symbole de la beauté absolue façonné par l’artiste.

Séduit par cette promesse de reconnaissance et de transformation, Tazio accepte. Lama entreprend alors de remodeler entièrement son corps à travers la chirurgie et la mise en scène : Tazio devient Adam bis, une sculpture humaine que l’on expose comme un chef-d’œuvre. Partout, les foules s’émerveillent, les critiques s’enthousiasment, et Tazio découvre la célébrité, lui qui n’avait jamais connu que le mépris.

Mais peu à peu, derrière le vernis du succès, Tazio ressent un profond malaise. En devenant objet d’art, il n’est plus maître de lui-même : chaque geste, chaque regard, chaque instant est contrôlé. Son corps ne lui appartient plus, et il commence à douter du sens de cette existence factice. Il se demande s’il n’a pas troqué sa liberté contre une illusion de grandeur.

Au contact d’autres personnages, notamment Carlos Hannibal, un artiste spirituel, et Fiona, une jeune femme sensible qui voit encore l’homme derrière l’œuvre, Tazio entame une véritable quête intérieure. Il cherche à comprendre ce qu’est la beauté, la dignité, et ce qui fait la valeur d’un être humain au-delà de l’apparence.

J’ai beaucoup aimé Lorsque j’étais une œuvre d’art d’Éric-Emmanuel Schmitt, car c’est un roman original qui ne ressemble à aucun autre. L’histoire est à la fois étrange, troublante et profondément humaine. Elle pousse à réfléchir sur des sujets essentiels comme l’apparence, la valeur de la beauté, la liberté et l’identité.

Même si le livre a été publié en 2002, il reste très actuel, peut-être même encore plus aujourd’hui. À une époque où l’on parle sans cesse de chirurgie esthétique, de réseaux sociaux et d’estime de soi, le personnage de Tazio Firelli reflète nos propres doutes et nos obsessions. Beaucoup de gens cherchent à être « parfaits » ou admirés, parfois au point de se perdre eux-mêmes, exactement comme lui.

J’ai trouvé intéressant la manière dont Schmitt critique le culte de l’apparence et la société du spectacle, tout en racontant une histoire émouvante et accessible. Ce n’est pas seulement une fiction, c’est aussi une leçon de vie sur le danger de vouloir plaire à tout prix et sur l’importance de rester soi-même.

Ce roman m’a marquée parce qu’il mélange philosophie et émotion, tout en restant facile à lire. Il montre que la beauté n’a de sens que si elle s’accompagne de liberté et d’humanité.

Le Chien Blanc

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