
La dernière allumette
- Drame familial
Abigaëlle se trouve dans un couvent de Bourgogne depuis plus de vingt ans. Elle a choisi de couper les ponts avec le monde extérieur, préférant le silence à un passé qu’elle refuse d’affronter. Son frère Gabriel est le seul à venir la voir régulièrement. Enfants, ils avaient fait un pacte : ne jamais se marier, ne jamais avoir d’enfants, afin de mettre fin au cycle de violences qui avait marqué leur enfance auprès d’un père brutal. Mais lorsque Gabriel tombe amoureux de Zoé et commence à construire une vie qu’ils s’étaient jurés d’éviter, Abigaëlle sent son univers fragile vaciller.
Le roman alterne entre le présent, où l’on découvre une femme recluse et méfiante, et le passé, révélé à travers son journal intime d’enfant. Peu à peu, on comprend l’ampleur du traumatisme vécu, les violences subies au sein de la famille, et le lien indestructible qui unissait Abigaëlle et Gabriel dans leur survie. Ce va-et-vient entre passé et présent crée une tension grandissante, jusqu’à ce que les souvenirs refoulés refassent surface et que la vérité éclate.
La dernière allumette est l’histoire d’une fratrie marquée par la peur et la douleur, mais aussi d’un chemin fragile vers la reconstruction. C’est un roman qui explore les séquelles des violences familiales, la force des liens fraternels et la difficulté de se libérer de promesses faites dans l’enfance pour enfin s’autoriser à vivre.
Marie Vareille signe ici un roman profondément poignant, qui capte dès les premières pages par la force de son écriture et la densité émotionnelle de son récit. À travers la voix d’Abigaëlle, l’autrice explore les séquelles invisibles laissées par les violences familiales. La narration alternée entre le présent et les fragments du journal intime d’Abigaëlle enfant donne au texte une intensité bouleversante : on sent la douleur d’une mémoire enfouie et la difficulté à se reconstruire.
L’un des grands atouts du roman est la justesse avec laquelle Marie Vareille aborde un sujet aussi dur. Jamais elle ne tombe dans le pathos gratuit, jamais elle ne simplifie la complexité des traumatismes. Son écriture reste délicate, lumineuse même.
À mesure que l’on avance, le suspense s’installe subtilement. Ce qui semblait n’être qu’un récit d’introspection se transforme en une véritable enquête intime, où chaque détail compte. Le dernier tiers, avec son rebondissement inattendu, renverse totalement notre perception de l’histoire et achève de faire de ce livre bien plus qu’un simple drame familial.
Ce roman parle des silences, des promesses brisées et de la résilience avec une intensité rare. C’est un récit qui bouleverse, surprend et reste longtemps en mémoire.
Le chien blanc

